Une chose évidente vient pourtant juste de m’apparaître alors que sur tous nos frontons, nous pouvons voir cette devise. Initialement, je la percevais comme une juxtaposition de trois concepts distincts mais nécessaires à la démocratie telle que nous la concevons.
Or, je viens de me rendre compte qu’indépendamment de leur valeur propre, ces idées interagissent étroitement : les deux concepts Égalité et Fraternité apparaissent à mon sens comme des régulateurs de la Liberté.
En effet, la liberté peut être interprétée de plusieurs façons. L’ une d’elle est la Liberté « totale », où l’individu peut faire ce qu’il veut. C’est une liberté animale, aux limites régies par les capacités individuelles, donnant ainsi aux puissants des libertés énormes comparées aux minces octroyées aux faibles. C’est la liberté prônée par l’économie libérale ; les conclusions de cette dernière sont d’ailleurs justes, le système libéré s’auto-régule, comme le fait la nature. Cette régulation n’a rien de Bon, ni de Mauvais d’ailleurs, elle permet juste au système de perdurer : les intérêts personnels de survie régissent la survie du système. Les crashs boursiers sont importants, mais les protagonistes du système arrivent toujours à s’en accommoder, repartant de l’avant que si de rien n’était.
Je pense que c’est l’erreur de compréhension la plus courante, à savoir penser que cette liberté a quelque chose à voir avec LA Liberté que nous voulons, vendons, espérons.
C’est ici que l’Égalité et la Fraternité entrent en ligne de compte. En effet, l’égalité dans la liberté donne justement autant de capacité d’action au faible qu’au puissant, fait illustré par la maxime « La liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. ». Et c’est en fin de compte pour une idéologie de fraternité que nous créons cette liberté égalitaire. L’idée de fraternité dans la liberté pourrait quant à elle être illustrée par la maxime « La liberté d’autrui étend la mienne à l’infini. ».
D’autre part, c’est à mon avis l’appellation même du concept de Liberté qui le rend traître. En supposant que LA Liberté est unique et universelle, on se laisse facilement amadouer par certaines de ses variantes, supposant que toutes les libertés sont équivalentes.
Cependant, nous sommes confrontés aujourd’hui, et en France notamment, à un paradoxe concernant la Liberté. Notre économie de marché est de plus en plus dérégulée, laissant libre court à ce que j’appellerais le darwinisme économique, alors que le système étatique reste des plus paternalistes, confisquant notre liberté d’action. Il se peut que cette situation antinomique rende les choses de plus en plus compliquées pour l’individu, qui est alors à la merci du système économique, complètement déshabitué de la prise de risque et de l’action.
Et la choucroute alors ? 😉