La liberté d’expression.

Bonjour à tous,

Ca fait un sacré moment que je n’ai pas écrit d’article mais l’heure me semble tout à fait appropriée. En effet la grande question du jour est au sujet de la liberté d’expression ; faut il interdire telle ou telle personne de parler ? faut il bannir certains propos? Faut-il interdire certaines représentations?…

Tout d’abord il faut commencer par se poser les bonnes questions :
– Qu’est ce que la liberté d’expression?
– Pourquoi la liberté d’expression?
– Doit on y imposer des limites?
– Si oui, dans quelle mesure?

La première question est assez simple.
La liberté d’expression est un droit (constitutionnel en France) qui est donné à chacun pour lui permettre d’exprimer ses opinions.

Maintenant, Pourquoi donc y a t’il la liberté d’expression et pourquoi est-ce un droit constitutionnel?

Ne peut on pas vouloir que certaines choses ne soient dites, que certaines personnes, dont les idées semblent dangereuses, ne puissent s’exprimer?
Et bien, en fait, si on veut vivre en démocratie, la réponse à la dernière question est NON! (si on veut vivre dans un état totalitaire on peut répondre oui, mais concrètement je pense que la France a encore envie d’utiliser le régime démocratique)
Car la liberté d’expression est justement la garante de la démocratie. Sans liberté d’expression la démocratie disparait au profit du totalitarisme. En effet, la démocratie nécessite que chacun puisse donner son avis librement pour que chaque voix compte de manière égale. Comment avoir une élection représentative de la pensée d’une population si ceux à qui l’on demande de s’exprimer n’ont le droit de dire que ce qu’il est communément convenu? Si on a le droit de donner que la réponse que l’interlocuteur attend, il ne sert à rien de poser la question, elle devient totalement rhétorique, puisque la réponse est imposée. On se retrouve alors dans un état totalitaire  qui singe la démocratie pour se donner bonne conscience.

C’est aussi pour cela que c’est un droit constitutionnel, car ce droit constitue l’essence de la démocratie.

Doit on y imposer des limites ?

Non! Car pour les raisons précédentes ça reviendrait à nier la démocratie. Mais alors si quelqu’un raconte n’importe quoi sur n’importe qui, doit on le laisser faire? Non plus. et c’est là que ça devient subtile. Il faut faire la distinction entre plusieurs choses. Pour commencer, distinguer l’opinion, d’ une affirmation, est un bon début.
Selon le petit Robert, une opinion est une « manière de penser, de juger : avis, conviction, croyance, idée, jugement, pensée, point de vue » ou une « idée ou ensemble d’idée que l’on a dans un domaine particulier ». Selon ce même Robert, une affirmation est « l’action d’affirmer, de donner pour vrai un jugement (qu’il soit affirmatif ou négatif) » ou encore « l’action, la manière de manifester de façon indiscutable une qualité ».  La principale différence entre les deux est que l’affirmation « crée » une vérité, qui est donc objectivable. Par conséquent cette assertion « objective » peut être vrai ou fausse (il arrive que les gens se trompent). Si elle est vrai, et bien il n’y a pas grand chose à lui reprocher. Si elle est fausse, là ça commence à se gâter!

Pourquoi une personne affirme-t-elle une proposition fausse?

Ca peut être par erreur, auquel cas le fait de pointer l’erreur peut lui faire corriger son point de vu et tout rentre dans l’autre.

Ca peut aussi être par mauvaise foi. Pour diffamer quelqu’un ou une communauté. Pour faire passer une partie d’un raisonnement qui ne passerait pas autrement… les gens ont des tas de raisons de mentir moins bonnes les unes que les autres.

Dans ce cas que faire?

D’abord il faut démontrer que l’assertion est fausse ET que la personne est de mauvaise fois (c’est pas forcement évident). En suite, ben rien. l’assertion a été montrée comme fausse et la personne qui la propage comme de mauvaise fois, les arguments sont connus pour démontrer la fausseté de la chose pas besoin d’en rajouter. Si quelqu’un vient dire « oui mais il a raison ! »,  » tu peux le prouver? non! donc non il n’a pas raison », merci au revoir. C’est comme ça que cela fonctionne dans la communauté scientifique, quand quelqu’un arrive avec une théorie, elle est étudiée, les arguments disséqués, discutés, et si certains points sont faux on oubli la théorie ou on corrige les points conflictuels. Mais pour cela il faut un préalable : faire confiance aux gens. Car le principal problème dans le fait que quelqu’un dise quelque chose de faux, ce n’est pas le fait qu’il le pense, ou le dise à proprement parler, c’est le fait que d’autres personnes puissent le croire.

Or c’est bien là le problème aujourd’hui. On croit que les gens sont trop « cons » pour pouvoir raisonner tout seul. Bon parfois c’est vrai! Mais si on apprenait un peu plus aux enfants les principes de base de la logique on ne se retrouverait pas avec ce problème de devoir les « protéger des idées fausses » (voir « nauséabondes » qui est un terme à la mode et qui a le mérite de rajouter une bonne couche de moral par dessus, ce qui ne vient rien arranger).

Cependant, en France, il existe des lois, comme la loi Gayssot qui interdit de contredire une vérité historique, ou encore des lois sur la diffamation. Or légiférer sur la pensée raisonnée, revient à créer des dogmes : « Tu n’as pas le droit de dire ça ! -Pourquoi ? -Parce que c’est la loi! -Et ? -Et donc tu fermes ta gueule!! -Oui mais si j’ai raison! -On s’en fout tu n’as pas le droit de le dire! ». Du coup on se retrouve avec des discussions du genre : « -La terre est ronde et elle tourne autour du soleil! -Non! c’est faux! La loi dit le contraire! -Oui mais c’est la religion la loi, qu’est ce qu’elle y connait à la science, la religion? – On s’en fout tu iras bruler sur un bûcher pour hérésie! ». Ainsi donc en érigeant des vérités par la loi (fusse-t-elle vrai) on revient très vite à l’inquisition. Et je ne crois pas à avoir à vous faire un dessin pour vous montrer l’absurdité de la chose pour une démocratie.

De plus, une fois une vérité transformée en dogme elle devient indémontrable et du même niveau que les assertions opposées. Qui a le plus raison entre un musulman, un chrétien, un juif et un bouddhiste ? aucun, tous, c’est la religion chacun son avis! Maintenant, si je transforme l’égalité de tous en loi (divine ou non) qu’il est interdit de contredire. Si quelqu’un me dit « non il y a des races (bon déjà ça commence mal) supérieures (et ça fini mal aussi, on est pas dans la merde) » comment luter puisque ces deux assertions deviennent des idées dogmatiques, ils ont tous les deux tort, ou raison, « on s’en fout c’est pas la question chacun pense ce qu’il veut! Chacun ses opinions! ». Du coup on se retrouve avec une belle montée du racisme, car pourquoi croire l’un plus que l’autre, alors qu’à la base c’était fait pour justement luter contre le racisme… Bilan : Pourri !!

Certains me rétorqueront que la liberté d’expression c’est primordial mais il ne faut pas en abuser. Ben justement SI! Ca ne veut pas dire qu’il faut absolument, tout le temps en abuser. Ca veut dire que la liberté trouve son existence dans la possibilité d’en abuser et que si on ne doit pas dépasser les barrières c’est qu’on est pas libre.  » -Je ne suis pas libre, je suis en prison! -Bien sur que si, tu es libre d’aller où tu veux dans ta cellule! -Oui mais moi je veux aller dehors. – Ha non! Ca tu n’as pas le droit, c’est ça la liberté! »… on se rends très vite compte de l’absurdité de la chose.

Donc pour finir :

La liberté d’expression ne doit pas avoir de limite. On ne peut juger des opinions des autres. Mais on peut et on doit analyser, débattre, réfuter les affirmations. La liberté de tous est dans la liberté de chacun à pouvoir exposer ses idées que ce soit en affirmant, en réfutant ou en émettant une opinion.

2 réflexions sur « La liberté d’expression. »

  1. Je suis d’accord dans l’ensemble parce que je ne crois pas qu’il faille mettre des limites à la liberté d’expression; on en arrive aux aberrations qu’on a vu ces jours derniers.

    Mais cependant, je vais faire une remarque sur le début de l’article, au sujet de la démocratie. Je ne crois pas que la France soit une démocratie. Cela ne veut pas dire qu’on est dans le même état qu’en Corée du Nord. D’ailleurs, c’est marrant (enfin moins pour les coréens du nord, mais bon) mais là-bas, le pouvoir prétend être communistes alors que ça n’a rien à voir (même de très loin) avec du communisme. Ce qui est drôle, c’est qu’en France, on se prétend démocratie, mais on ne l’est pas vraiment non plus. Du fait de la représentation, le pouvoir n’est pas au peuple, ce qui fait que nous sommes surtout en république, mais pas tellement en démocratie. Je me demande si chaque pays n’est pas sur ce modèle « Je raconte une chose, j’en fait une autre ».

    D’autre part, même si le pouvoir ne fait rien pour limiter la libre expression, cela ne suffit pas à garantir l’exercice de cette libre expression. En général, le pouvoir ne fait rien… tant que ça ne le dérange pas. Par exemple, au USA, la liberté d’expression est sacrée…. mais pour Snowden, ils ont finalement décidé que ça allait trop loin (ruse #37 du pouvoir : le secret d’État – non mais circulez, c’est pour votre « sécurité »). Et en France, ça a été un peu pareil pour Dieudonné (même s’il ne disait pas grand chose d’intéressant). Et puis, les médias sont en général très respectueux vis-à-vis de l’État. En théorie, ils disent ce qu’ils veulent. En pratique… la presse écrite a reçu 1,8 milliards de subventions directes ou indirecte en 2010. Pour les autres, ça doit pas être rien non plus. Bref, on ne mord pas la main qui nous nourrit. (Il y a eu un exemple, y’a pas longtemps, aux infos : un club de sport s’est vu suspendre une subvention de la ville parce que quelques joueurs avaient fait une « quenelle »… On a pu voir à cette occasion, à quoi servent VRAIMENT les subventions).

    Tout ça pour dire : on peut mettre des limites à la libre expression de deux façons : avec une loi (ouuuuh pas bien, vilain dictateur) ou en payant des subventions (ah bravo ! Bel esprit démocratique !!!). Et je sais pas ce qui est le pire : parce qu’au moins dans le premier cas on sait à quoi s’en tenir.

    1. Hors mis la conclusion, ce n’est pas tellement le propos, même si je suis d’accord avec ce que vous dites. Je raisonne de façon générale, au niveau de l’individu, sur ce que je suppose que les gens veulent (la démocratie) pas nécessairement sur ce qu’ils ont en réalité. Histoire, tant que faire se peut, de donner quelques clefs de raisonnement.

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